UNE NATION QUI NE RESPECTE PAS SON PASSE, NE MERITE PAS LE RESPECT JOZEF PILSUDSKI 1867 - 1935 maréchal de Pologne

lundi 30 août 2010

Le Parti Polonais de l’Hôtel Lambert

Cet hôtel avait été construit pour un trafiquant notoire : Jean-Baptiste Lambert. À sa mort, quatre ans après, c’est son frère Nicolas Lambert de Thorigny dit Lambert le Riche, président à la Chambre des comptes qui en devint propriétaire. Sa charge qu’il remplit pendant 46 ans lui valut une immense fortune et il possédait plus de 14 maisons dans l’île Saint-Louis. Il fut condamné par une amende d’un million de livres pour sa compromission au moment du procès de Fouquet.



En 1729, la propriété fut acquise par le fermier général Claude Dupin et dix ans après par le marquis du Châtelet dont la femme, Émilie du Châtelet, eut pendant plus de 15 ans une liaison avec Voltaire.


Extrait de la vie des financiers au XVIIIe siècle par H.Thirion :


« Puis c’est madame du Châtelet qui voulut acheter cette splendide demeure : la maison particulière de Paris la plus ornée de belles curiosités, avec ses plafonds, ses dessus de porte, ses murs décorés par Le Brun et Le Sueur. « Monsieur du Châtelet, écrit la marquise, sera à Paris le 26 ou le 27 (février 1739), il ira pour la maison de Dupin. Je ne sais s’il l’achètera, mais je sais bien que je la désire infiniment. » Monsieur du Châtelet l’acheta pour la revendre peu après à un nouveau financier, Marin de la Haye. Où donc ce dernier venu et dernier occupant avait-il pu réunir les six ou sept cent mille livres qu’une semblable acquisition réclamait, sans compter le grand entretien qu’elle devait lui coûter dès son entrée en possession, sans compter la dépense qu’il faisait à sa résidence de Draveil (luxueuse entre toutes les luxueuses habitations) ? »
L'hôtel Lambert passera successivement dans les mains de Salomon, Benjamin et Étienne de La Haye, Achille-René Davène, seigneur de Fontaine, l'achète en 1781.
Cet hôtel, confisqué en 1794, sera rendu en 1802 et revendu, en 1813, à Jean Pierre Bachasson, comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur de Napoléon, puis il sera la propriété de la famille princière polonaise Czartoryski.


En 1862, l’hôtel Lambert est classé monument historique1.


Hôtel Le Vau
Au no 3 se situe l’hôtel du XVIIe siècle construit par Le Vau pour lui-même car Le Vau avait épousé la fille d’un notaire qui était propriétaire du terrain voisin à celui de l’hôtel Lambert. Sa façade est la continuation de celle de l’hôtel de Lambert. Par la suite, cette maison devint une annexe de l’hôtel.
Ses quatre premiers enfants naquirent ici, sa mère y mourut. Il habita cet hôtel de 1642 à 1650, alors qu’il travaillait à l’hôtel Lambert tout proche.
Une fois disparu, en 1670 son hôtel fut la propriété de la famille de La Haye qui était déjà propriétaire de l’hôtel Lambert. Cette famille s’empressa de réunir les deux bâtiments.


Le Prince Adam Jerzy Czartoryski, fils du prince Adam Casimir Czartoryski, dut quitter la Pologne après la révolution de 1830. Il y mourut à Montfermeil en 1861, à l'âge de 90 ans.
Il donnait à l'hôtel Lambert des fêtes somptueuses et l’hôtel devint un foyer culturel polonais où l'on y rencontrait George Sand et Chopin, Delacroix, et surtout le poète Adam Mickiewicz.
C'est pour le grand bal annuel que Chopin composa nombre de ses polonaises.
Patriote polonais, le prince Czartoryski participa activement à maintenir vivante la « question polonaise » dans les chancelleries européennes. Le « Parti de l'Hôtel Lambert » rassembla ainsi la fraction libéral - aristocratique de l'émigration polonaise.
Czartoryski créa de nombreuses institutions, telles que la Librairie polonaise, la Société historique de Pologne, un institut pour les jeunes filles polonaise et une école pour les jeunes gens polonais.
C'est ainsi que l’Hôtel Lambert devint le plus grand centre politique, culturel et social polonais hors de Pologne.


La Bibliothèque Polonaise existe toujours et est située au n° 6 du quai d'Orléans, toujours dans l’île Saint-Louis.


En 1842, l'hôtel Lambert, dont l'état se dégradait, devint la propriété du prince polonais exilé Adam -Georges Czartoryski, qui le fit rénover par Viollet-le-Duc et Lassus - architectes, Gédéon Rue - pour les jardins et Eugène Delacroix - pour les peintures de Le Sueur et de Le Brun. L'inauguration eut lieu deux ans plus tard, ainsi que l'ouverture d'un institut pour jeunes filles. Centre culturel avant l'heure, l'hôtel Lambert fut alors le théâtre de fêtes, bals et rassemblements politiques pour les Polonais exilés. Georges Sand, arrière- petite fille de Claude Dupin, Frédéric Chopin, Eugène Delacroix, Arry Scheffer, Jean -Auguste- Dominique Ingres, Horace Vernet, Hector Berlioz... le fréquentèrent.


Après la seconde guerre mondiale, l'hôtel fut divisé en appartements, habités, entre autres, par Michèle Morgan, Mona von Bismarck, ou Alexis de Redé, collectionneur passionné par le XVIIIe siècle. Il appartint aux Czartoryski jusqu'en 1975.


Dans les années d’après-guerre, il a été habité par la comédienne Michèle Morgan, mais aussi par le milliardaire chilien Arthuro Lopez-Willshaw, et l’« homme du monde » Alexis de Redé.


À partir de 1975, il a appartenu à la famille Marie-Hélène et Guy de Rothschild jusqu’à la mort de Guy de Rothschild (2007), puis il a été revendu par ses fils à un frère de l’émir du Qatar (2007).


Plus d'un siècle ce magnifique monument était siège de la raison d'Etat polonais. En 1975 la famille Czartoryski décide de mettre en vente le palais, le sécretaire de parti communiste polonais Edward Gierek accepte le prix et souhaite acquérir ce batiment ayant pour l'histoire polonaise une place particulière, les Czartoryski refusent.
Il est profondément triste et désespérant que le gouvernement de la Pologne libre n'a pas voulu racheter ce symbole d'une importante page de notre histoire et qui aurait pu ainsi devenir un lien de retour dans la continuité de la raison d'Etat interrompu par les événements tragiques du XXe siècle.
La presse polonaise n'a consacré aucun article à ce sujet, ni l’ambassade, ni Ministère de la Culture de Pologne, ni Ministère des Affaires Etrangères n’ont réagit .


Le même destin a partagé le palais du dernier descendant de la famille Walewski, il a été acquis avec tout son mobilier, de nombreux souvenirs napoléoniens par le gouvernement de la Chine.
Comment se reconnaître dans la classe politique polonaise et le pouvoir actuel qui tournent le dos à son passé? Se couper de ses racines, c’est de perdre le sens de son histoire.







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