UNE NATION QUI NE RESPECTE PAS SON PASSE, NE MERITE PAS LE RESPECT JOZEF PILSUDSKI 1867 - 1935 maréchal de Pologne

lundi 30 août 2010

Le Parti Polonais de l’Hôtel Lambert

Cet hôtel avait été construit pour un trafiquant notoire : Jean-Baptiste Lambert. À sa mort, quatre ans après, c’est son frère Nicolas Lambert de Thorigny dit Lambert le Riche, président à la Chambre des comptes qui en devint propriétaire. Sa charge qu’il remplit pendant 46 ans lui valut une immense fortune et il possédait plus de 14 maisons dans l’île Saint-Louis. Il fut condamné par une amende d’un million de livres pour sa compromission au moment du procès de Fouquet.



En 1729, la propriété fut acquise par le fermier général Claude Dupin et dix ans après par le marquis du Châtelet dont la femme, Émilie du Châtelet, eut pendant plus de 15 ans une liaison avec Voltaire.


Extrait de la vie des financiers au XVIIIe siècle par H.Thirion :


« Puis c’est madame du Châtelet qui voulut acheter cette splendide demeure : la maison particulière de Paris la plus ornée de belles curiosités, avec ses plafonds, ses dessus de porte, ses murs décorés par Le Brun et Le Sueur. « Monsieur du Châtelet, écrit la marquise, sera à Paris le 26 ou le 27 (février 1739), il ira pour la maison de Dupin. Je ne sais s’il l’achètera, mais je sais bien que je la désire infiniment. » Monsieur du Châtelet l’acheta pour la revendre peu après à un nouveau financier, Marin de la Haye. Où donc ce dernier venu et dernier occupant avait-il pu réunir les six ou sept cent mille livres qu’une semblable acquisition réclamait, sans compter le grand entretien qu’elle devait lui coûter dès son entrée en possession, sans compter la dépense qu’il faisait à sa résidence de Draveil (luxueuse entre toutes les luxueuses habitations) ? »
L'hôtel Lambert passera successivement dans les mains de Salomon, Benjamin et Étienne de La Haye, Achille-René Davène, seigneur de Fontaine, l'achète en 1781.
Cet hôtel, confisqué en 1794, sera rendu en 1802 et revendu, en 1813, à Jean Pierre Bachasson, comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur de Napoléon, puis il sera la propriété de la famille princière polonaise Czartoryski.


En 1862, l’hôtel Lambert est classé monument historique1.


Hôtel Le Vau
Au no 3 se situe l’hôtel du XVIIe siècle construit par Le Vau pour lui-même car Le Vau avait épousé la fille d’un notaire qui était propriétaire du terrain voisin à celui de l’hôtel Lambert. Sa façade est la continuation de celle de l’hôtel de Lambert. Par la suite, cette maison devint une annexe de l’hôtel.
Ses quatre premiers enfants naquirent ici, sa mère y mourut. Il habita cet hôtel de 1642 à 1650, alors qu’il travaillait à l’hôtel Lambert tout proche.
Une fois disparu, en 1670 son hôtel fut la propriété de la famille de La Haye qui était déjà propriétaire de l’hôtel Lambert. Cette famille s’empressa de réunir les deux bâtiments.


Le Prince Adam Jerzy Czartoryski, fils du prince Adam Casimir Czartoryski, dut quitter la Pologne après la révolution de 1830. Il y mourut à Montfermeil en 1861, à l'âge de 90 ans.
Il donnait à l'hôtel Lambert des fêtes somptueuses et l’hôtel devint un foyer culturel polonais où l'on y rencontrait George Sand et Chopin, Delacroix, et surtout le poète Adam Mickiewicz.
C'est pour le grand bal annuel que Chopin composa nombre de ses polonaises.
Patriote polonais, le prince Czartoryski participa activement à maintenir vivante la « question polonaise » dans les chancelleries européennes. Le « Parti de l'Hôtel Lambert » rassembla ainsi la fraction libéral - aristocratique de l'émigration polonaise.
Czartoryski créa de nombreuses institutions, telles que la Librairie polonaise, la Société historique de Pologne, un institut pour les jeunes filles polonaise et une école pour les jeunes gens polonais.
C'est ainsi que l’Hôtel Lambert devint le plus grand centre politique, culturel et social polonais hors de Pologne.


La Bibliothèque Polonaise existe toujours et est située au n° 6 du quai d'Orléans, toujours dans l’île Saint-Louis.


En 1842, l'hôtel Lambert, dont l'état se dégradait, devint la propriété du prince polonais exilé Adam -Georges Czartoryski, qui le fit rénover par Viollet-le-Duc et Lassus - architectes, Gédéon Rue - pour les jardins et Eugène Delacroix - pour les peintures de Le Sueur et de Le Brun. L'inauguration eut lieu deux ans plus tard, ainsi que l'ouverture d'un institut pour jeunes filles. Centre culturel avant l'heure, l'hôtel Lambert fut alors le théâtre de fêtes, bals et rassemblements politiques pour les Polonais exilés. Georges Sand, arrière- petite fille de Claude Dupin, Frédéric Chopin, Eugène Delacroix, Arry Scheffer, Jean -Auguste- Dominique Ingres, Horace Vernet, Hector Berlioz... le fréquentèrent.


Après la seconde guerre mondiale, l'hôtel fut divisé en appartements, habités, entre autres, par Michèle Morgan, Mona von Bismarck, ou Alexis de Redé, collectionneur passionné par le XVIIIe siècle. Il appartint aux Czartoryski jusqu'en 1975.


Dans les années d’après-guerre, il a été habité par la comédienne Michèle Morgan, mais aussi par le milliardaire chilien Arthuro Lopez-Willshaw, et l’« homme du monde » Alexis de Redé.


À partir de 1975, il a appartenu à la famille Marie-Hélène et Guy de Rothschild jusqu’à la mort de Guy de Rothschild (2007), puis il a été revendu par ses fils à un frère de l’émir du Qatar (2007).


Plus d'un siècle ce magnifique monument était siège de la raison d'Etat polonais. En 1975 la famille Czartoryski décide de mettre en vente le palais, le sécretaire de parti communiste polonais Edward Gierek accepte le prix et souhaite acquérir ce batiment ayant pour l'histoire polonaise une place particulière, les Czartoryski refusent.
Il est profondément triste et désespérant que le gouvernement de la Pologne libre n'a pas voulu racheter ce symbole d'une importante page de notre histoire et qui aurait pu ainsi devenir un lien de retour dans la continuité de la raison d'Etat interrompu par les événements tragiques du XXe siècle.
La presse polonaise n'a consacré aucun article à ce sujet, ni l’ambassade, ni Ministère de la Culture de Pologne, ni Ministère des Affaires Etrangères n’ont réagit .


Le même destin a partagé le palais du dernier descendant de la famille Walewski, il a été acquis avec tout son mobilier, de nombreux souvenirs napoléoniens par le gouvernement de la Chine.
Comment se reconnaître dans la classe politique polonaise et le pouvoir actuel qui tournent le dos à son passé? Se couper de ses racines, c’est de perdre le sens de son histoire.







Montesquieu et la Pologne - "De l'Esprit des Lois"

l'article "La Pologne" écrit par NADIA PLAVINSKAIA
Moscou Académie des Sciences
Le Dictionnaire électronique  Montesquieu
Deux épigraphes latines accompagnent la rubrique « Polonicarum rerum scriptores » du catalogue de la bibliothèque de Montesquieu à La Brède (Catalogue, p. 391). La première revient à Grotius : « Plebs prærogativis semetipsa donavit quibus sibi noceret » («Le peuple se donna à lui-même des prérogatives par lesquelles il se nuisit à lui-même »).



La deuxième citation est puisée dans les Annales de Tacite : « Magis sine domino quam in libertate » (« Plutôt sans maître qu’en liberté »).


Ces deux maximes reflètent parfaitement le jugement sévère que Montesquieu porte sur la Pologne.


- Le royaume, où une partie du peuple possède le droit d’élire et de détrôner le porteur de la couronne, se range difficilement dans le cadre des modèles politiques qu’étudie le philosophe. Bien sûr, ce pays « sans maître » ne fait pas partie du cercle des monarchies européennes. Il est encore moins un hybride « où la république se cache sous la forme de la monarchie » (EL, V, 19). Montesquieu classe donc la Pologne parmi les aristocraties, mais en la qualifiant comme « la plus imparfaite » de toutes (EL, II, 3). En effet, il n’y trouve pas cette vertu qui est à ses yeux le principe du gouvernement républicain. Tout au contraire, il voit fleurir en Pologne la « bassesse des grands à l’égard de ceux qui ont quelque crédit à la Cour » (Pensées, n° 1709). Quant à « la partie du peuple qui obéit », non seulement elle n’est en rien égale à la noblesse, mais elle se trouve même « dans l’esclavage civil » par rapport à ceux qui commandent (EL, II, 3). C’est pourquoi l’exemple de la Pologne ne fait que confirmer l’opinion de Montesquieu selon laquelle la corruption du principe de l’aristocratie débouche nécessairement sur une république qui « ne subsiste qu’à l’égard des nobles, et entre eux seulement. Elle est dans le corps qui gouverne, et l’État despotique est dans le corps qui est gouverné » (EL, VIII, 5). La situation des serfs polonais, « pressés » par leurs seigneurs, avides des produits « que demande leur luxe » (EL, XX, 23), fait revenir Montesquieu à l’idée de l’esclavage. Le philosophe place donc la Pologne au rang des pays « subjugués » où les paysans ont été « faits esclaves », en l’associant à la Moscovie, à la Hongrie, à la Bohême, à la Silésie et à quelques pays d’Allemagne situés près de la mer Baltique (Pensées, n° 1708).


- Le penchant de la noblesse polonaise pour les produits de luxe est un des signes importants du défaut fondamental de leur système politique, car il prouve l’absence de l’esprit de « modération » qui est selon Montesquieu l’âme de tout gouvernement aristocratique. Le philosophe n’est pas très éloquent à ce sujet, mais il note toutefois que les fortunes « sont d’une inégalité extrême » (EL, VII, 1) en Pologne, où « quelques seigneurs possèdent des provinces entières » (EL, XX, 23). L’imperfection du gouvernement aristocratique polonais est encore aggravée par le mauvais usage que ce peuple fait de sa liberté. De façon générale, le philosophe affirme que « la démocratie et l’aristocratie ne sont point des États libres par leur nature » (EL, XI, 4). La Pologne lui sert d’illustration adéquate. En effet, bien que l’objet de ses lois soit « l’indépendance de chaque particulier », les défauts du « liberum veto » aboutissent toujours à « l’oppression de tous » (EL, XI, 5). Et comme selon Montesquieu la corruption des principes du gouvernement rend les meilleures lois mauvaises, même la pratique de « l’insurrection », établie pour empêcher les abus du pouvoir, aboutit en Pologne à des « inconvénients » qui « font bien voir que le seul peuple de Crète était en état d’employer avec succès un pareil remède » (EL, VIII, 11). C’est pourquoi, par la bouche du Persan Rica, Montesquieu postule que la Pologne « use si mal de sa liberté et du droit qu’elle a d’élire ses rois, qu’il semble qu’elle veuille consoler par là les peuples ses voisins qui ont perdu l’un et l’autre » (LP, 130 [136]).


- À plusieurs reprises, Montesquieu regrette dans L’Esprit des lois la situation désastreuse de l’économie polonaise. Les grandes fortunes y existent, avance-t-il, mais la majorité de la nation languit dans une pauvreté qui empêche « qu’il y ait autant de luxe que dans un État plus riche » (EL, VII, 1). L’image des « déserts de la Pologne » où errait Charles XII (EL, X, 13) reflète l’état déplorable du pays. Non seulement, le peuple est indigent, mais il agit en plus comme une nation « qui veut bien perdre l’espérance de s’enrichir » en limitant consciemment ses échanges commerciaux (EL, XX, 9). Pourtant, le philosophe affirme que le commerce est nuisible aux pays dépourvus de ce qu’il appelle « effets mobiliers ». La Pologne, qui appartient à cette catégorie, ne peut proposer au marché extérieur que le blé de ses terres, tandis que la noblesse polonaise reste très désireuse des produits d’exportations et de luxe. Au lieu de stimuler la production et la consommation du produit national, les seigneurs polonais « pressent le laboureur pour avoir une plus grande quantité de blé qu’ils puissent envoyer aux étrangers, et se procurer les choses que demande leur luxe », en ruinant le pays. « Si la Pologne ne commerçait avec aucune nation, ses peuples seraient plus heureux. Ses grands, qui n’auraient que leur blé, le donneraient à leurs paysans pour vivre ; de trop grands domaines leur seraient à charge, ils les partageraient à leurs paysans ; tout le monde trouvant des peaux ou des laines dans ses troupeaux, il n’y aurait plus une dépense immense à faire pour les habits ; les grands, qui aiment toujours le luxe, et qui ne le pourraient trouver que dans leur pays, encourageraient les pauvres au travail. Je dis que cette nation serait plus florissante, à moins qu’elle en devienne barbare : chose que les lois pourraient prévenir » (EL, XX, 23).


- Le philosophe souhaite donc l’épanouissement économique de la Pologne parce qu’il lie son aisance avec la prospérité de l’ensemble de l’Europe : « Un prince croit qu’il sera plus grand par la ruine de l’État voisin. Au contraire ! Les choses sont telles en Europe que tous les États dépendent les uns des autres. La France a besoin de l’opulence de la Pologne et de la Moscovie » (Pensées, n° 1780).


Bibliographie


W. Smolenski, Monteskiusz w Polsce wieku XVIII, Warszawa, 1927.


K. Opałek « Monteskiusz w Polsce », Monteskiusz. [Wroclaw], 1955.


L. Slugocki, « La Pologne et les problèmes polonais dans L’Esprit des lois de Montesquieu », Actes du colloque international, Bordeaux, 1999, p. 139-151.


J. Lukowski, « L’influence de L’Esprit des lois sur la pensée politique en Pologne à l’époque des Lumières », Montesquieu du Nord au Sud, éd. J. Ehrard, Cahiers Montesquieu 2, 2001, p. 49-59.



Traité de Versailles



Traité de Versailles



THE

TREATY OF PEACE

BETWEEN

THE ALLIED AND ASSOCIATED POWERS

AND

GERMANY,

The protocol annexed thereto, the Agreement respecting

the military occupation of the territories of the Rhine,

AND THE

TREATY

BETWEEN

FRANCE AND GREAT BRITAIN

RESPECTING

Assistance to France in the event of unprovoked

agression by Germany.



Signed at Versailles, June 28th, 1919.






Le traité de Versailles de 1919 est le traité de paix entre l'Allemagne et les Alliés de la Première Guerre mondiale.


Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité fut signé le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles et promulgué le 10 janvier 1920. Il annonce la création d'une Société des Nations et détermine les sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne. Celle-ci, qui n'était pas représentée au cours de la conférence, se vit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes réparations économiques.


Le choix du lieu de signature du traité marque pour la France l'occasion de laver symboliquement l'humiliation de sa défaite de la guerre de 1870. C'est en effet dans la même galerie des Glaces, au château de Versailles, qu'avait eu lieu la proclamation de l'empire allemand, le 18 janvier 1871.


On convia des représentants de territoires du monde entier à la conférence de paix mais aucun responsable des États vaincus et de la Russie, qui avait quitté la guerre en 1917. Certaines personnalités eurent une influence déterminante. On en retient habituellement les dirigeants de quatre des principales puissances victorieuses : Lloyd George, Premier ministre britannique, Vittorio Orlando, président du Conseil italien, Georges Clemenceau, son homologue français et Woodrow Wilson, le président des États-Unis.


Chaque représentant est libre de travailler à la rédaction du traité, mais les positions de ces hommes divergent. Le président américain veut mettre en place la nouvelle politique internationale dont il a exposé les principes directeurs dans ses Quatorze points. Pour lui, la nouvelle diplomatie doit être fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et sur la collaboration entre États. Il dispose d'un grand prestige. Il cherche à ménager l'Allemagne pour éviter qu'un esprit revanchard ne s'y développe. Les responsables anglais tiennent aussi à laisser à l'Allemagne une certaine puissance. Fidèles à leur théorie d'équilibre entre les puissances, ils tiennent à empêcher la France d'acquérir une hégémonie en Europe continentale. Clemenceau, au contraire, cherche à imposer de lourdes indemnités pour limiter la puissance économique et politique de l'Allemagne, et pour financer la reconstruction de la France.


Les compromis trouvés ne pouvaient pleinement satisfaire personne. Le traité voté est souvent critiqué : « Tout a été vite réglé, mal réglé par des hommes qui n'avaient pas vécu l'atroce réalité de la guerre » ou « De cette paix imposée grandira une nouvelle haine » ou encore « Le traité ne comprend aucune rénovation économique pour l'Europe ».


L'affaire de Fiume


La signature du traité fut retardée de plusieurs mois par le coup de force de Gabriele D'Annunzio qui s'empara de la ville de Fiume. Il fallut attendre l'intervention de la marine italienne en décembre 1920 pour que le traité de Rapallo, instaurant l'État libre de Fiume, puisse s'appliquer et permettre la proclamation officielle du traité de Versailles.






Contenu :


La première partie établit une charte pour une Société des Nations. Elle reprend l'idéal wilsonien d'une diplomatie ouverte, et régulée par un droit international. La treizième partie pose les principes du Bureau International du Travail. Le reste du traité est essentiellement consacré aux conditions de la paix en Europe. Un principe, énoncé à l'article 231, structure l'ensemble : l'Allemagne et ses alliés sont déclarés seuls responsables des dommages de la guerre. Ce principe justifie les exigences très lourdes des vainqueurs à l'égard de l'Allemagne. Les principales dispositions du traité sont :


Remaniement territoriaux


La seconde partie du traité définit les frontières de l'Allemagne, mais dans plusieurs régions, le tracé définitif est remis à plus tard. L'indépendance des nouveaux États de Pologne et de Tchécoslovaquie est également affirmée. L'indépendance de l'Autriche est également protégée : il est interdit à l'Allemagne de l'annexer (art. 80).


L'Allemagne se voit amputée de 15% de son territoire et de 10% de sa population au profit de la France, de la Belgique du Danemark, et surtout de la Pologne, nouvellement recréée. Les principales transformations territoriales sont :


• la récupération par la France de l'Alsace-Moselle (art. 27) ;


• l'intégration à la Belgique des cantons d'Eupen et de Malmedy, dont la Vennbahn (art. 27) ;


• la possibilité pour le Danemark de récupérer certains territoires du Nord de l'Allemagne où se trouvent des populations danoises. La décision doit être soumise à un vote de la population locale. (art. 109 à 111). Le référendum est mené en 1920. Les villes d'Aabenraa, Sønderborg et Tønder, et leurs environs passent alors au Danemark


• Le Territoire du Bassin de la Sarre est placé sous administration internationale pour 15 ans. Son statut définitif doit être soumis à référendum.


• D'importants territoires qui se trouvaient dans l'est de l'Allemagne sont attribués au nouvel État polonais (art.28). Dans certaines régions, le statut définitif n'est pas décidé. Il doit être déterminé par une commission ou par un référendum dans la zone concernée (art 87 à 93). Dantzig devient une ville libre, ce qui garantit l'accès de la Pologne à la mer mais a aussi pour effet de séparer la Prusse orientale, restée allemande, du reste de l'Allemagne.


Dispositions militaires


De nombreuses mesures sont prises pour limiter le pouvoir militaire de l'Allemagne, et protéger ainsi les États voisins. Les clauses militaires forment la cinquième partie du traité.


• L'Allemagne doit livrer 5 000 canons, 25 000 avions, ses quelques blindés et toute sa flotte (qui se sabordera dans la baie écossaise de Scapa Flow).


• Son réarmement est strictement limité. Elle n'a plus droit aux chars, à l'artillerie et à l'aviation militaire.


• Son armée sera limitée à un effectif de 100 000 hommes et le service militaire aboli.


• La rive gauche du Rhin, plus Coblence, Mayence et Cologne, est démilitarisée


Dispositions économiques et financières


• Suite aux dommages de guerre causés pendant toute la durée de la guerre dans le Nord de la France et en Belgique, l'Allemagne - considérée comme seule responsable de la guerre -, devra payer de fortes réparations à ces deux pays. Le montant à payer est fixé par une commission en 1921. Il s'élève à 132 milliards de marks-or, une somme très élevée. Le montant total des dommages causés par la guerre aux alliés était toutefois estimé à 150 milliards de marks-or.


• Plusieurs sanctions commerciales et des livraisons en nature complètent ce volet économique : l'Allemagne perd la propriété de tous ses brevets (l'aspirine de Bayer tombe ainsi dans le domaine public). Les fleuves Rhin, Oder et Elbe sont internationalisés et l'Allemagne doit admettre les marchandises en provenance d'Alsace-Moselle et de Posnanie sans droits de douane. En outre, le pays doit livrer aux Alliés du matériel et des produits.


Renoncement de l'Allemagne à son empire colonial


Dans la quatrième partie du traité, l'Allemagne, toujours à titre de compensations, est sommée de renoncer à son empire colonial. C'est ainsi que, au sein des Alliés, les puissances coloniales riveraines des possessions allemandes en Afrique (Grande-Bretagne, France, Belgique et Union sud-africaine) se partageront ces dernières : le Cameroun, le Togo, l'Afrique-Orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi) et le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie). Cette dernière colonie allemande avait déjà été conquise militairement en 1914-1915 par l'Union sud-africaine, qui la recevra en mandat par la SDN en 1920. Dans la foulée, l'Allemagne devra également renoncer à ses intérêts commerciaux (ses comptoirs et ses conventions douanières) de par le monde (Chine, Siam, Maroc, Égypte, Turquie, etc.).


Les traités annexes


Des traités annexes au traité de Versailles furent signés séparément avec chacun des vaincus. Les traités de Saint-Germain-en-Laye puis du Trianon avec l'Autriche-Hongrie qui est dépecée en :


• une Autriche réduite au territoire occupé par des germanophones ;


• un État hongrois indépendant ;


• la Tchécoslovaquie, État principalement binational (Tchèques et Slovaques), mais avec une forte minorité germanophone (Sudètes) et d'autres minorités : polonaise, hongroise, ruthène.


• d'autres morceaux de son territoire vont à :


o la Roumanie (la Transylvanie avec de fortes minorités hongroise et germanophone) ;


o l'Italie (les provinces germanophone de Bolzano et italienne de Trento, la ville de Trieste)


o pour récompenser la Serbie, une fédération des Slaves du sud est créée : la Yougoslavie (dite alors officiellement Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), comportant Serbie, Monténégro, Croatie et Slovénie, plus la Bosnie-Herzégovine, région multinationale et une minorité hongroise.


Réception et conséquences


Le traité de Versailles a été soumis à de multiples critiques. Les frustrations qu'il a fait naître, ainsi peut-être que les déséquilibres qu'il a engendrés, ont eu un rôle certain dans la politique européenne des décennies suivantes.


Le Sénat des États-Unis refuse de le ratifier et donc empêche les États-Unis d'entrer à la Société des Nations, ce qui d'emblée réduisit la portée de cette organisation.


La France, qui est pourtant une des principales bénéficiaires des traités (retour de l'Alsace et de la Lorraine dans le giron français, démilitarisation de l'ouest de l'Allemagne, dépeçage de l'Empire austro-hongrois et obtention d'un énorme montant pour les réparations financières), n'est pas encore satisfaite car elle aurait voulu obtenir l'occupation permanente de la rive gauche du Rhin. En Savoie, l'article 435 du traité de Versailles fait que certaines dispositions d'annexion du traité de Turin (1860) ne sont plus respectées. Cet article supprime les zones neutres et franches présentes en Savoie et liées aux conditions d'annexion. La France fut condamnée par la Cour internationale de justice de La Haye en 1932 pour la violation du traité de Turin.


Le ressentiment est particulièrement fort encore en Italie. On a parlé de « victoire mutilée », car les Alliés n'ont pas respecté les promesses faites durant le conflit concernant l'attribution des provinces de l'Istrie, de la Dalmatie et du Trentin. Les fascistes italiens sauront exploiter cette trahison et y trouveront un terreau propice à l'exaltation d'un nationalisme virulent.


La République de Chine, bien que mentionnée parmi les parties contractantes, refuse de signer le traité, qui prévoit la cession à l'Empire du Japon des droits allemands sur le Shandong1. Les prétentions japonaises entraînent en Chine une agitation nationaliste et anti-japonaise connue sous le nom de mouvement du 4 mai.


Les réparations


Le paiement de réparations représentait une lourde charge pour la République de Weimar. En proie à de graves difficultés financières, elle se révèle vite incapable d'y faire face. Les alliés demandent alors des livraisons en nature. Face aux retards de livraison allemands, la France et la Belgique envahissent la Ruhr en 1923, ce qui aggrave encore la déstabilisation économique de l'Allemagne. Toutefois, les difficultés ne sont pas réglées.


Sous la direction américaine, le plan Dawes est alors élaboré. Il facilite les conditions de remboursement pour l'Allemagne. Toutefois, la charge apparaît encore trop lourde ce qui conduit à l'élaboration d'un nouveau plan, le plan Young, en 1929. Les dettes allemandes sont diminuées et rééchelonnées de manière considérable. En Allemagne, les réparations font tout au long de la période l'objet de vives contestations politiques, et alimentent un vif ressentiment. En 1929, une pétition aboutit, contre l'avis du gouvernement, à soumettre à référendum une proposition de loi qui annule le paiement de dettes. Cependant, la participation au référendum fut très faible et la loi fut rejetée à près de 95%.


Selon les termes du plan Young, le paiement des réparations devait s'échelonner jusqu'à 1988, mais avec la Grande Dépression, les versements furent interrompus (moratoire Hoover en 1931). En 1933, les nazis arrivent au pouvoir en Allemagne, ils rejettent toute idée de paiement des réparations. Les paiements sont définitivement arrêtés tandis que l'annexion de l'empire colonial allemand sera maintenu jusqu'à l'accession à l'indépendance des peuples africains concernés au début des années 1960, à l'exception de la Namibie qui n'accèdera à l'indépendance qu'en 1990.


L'original du traité


L'original du traité a disparu en 1940 et on ignore s'il a été détruit. Face à l'avancée des troupes allemandes vers Paris, il devait être mis à l'abri à l'Ambassade de France aux États-Unis, mais ce n'est qu'une version préparatoire qui y est parvenue. On a longtemps cru qu'il se trouvait à Moscou, mais l'ouverture progressive des archives depuis 1990 n'a pas permis de le retrouver. La seule certitude est que les Allemands ont mis la main sur la ratification française du traité, qui avait été cachée au Château de Rochecotte2.


Notes et références


1. ↑ Traité de Versailles de 1919 [archive], site de l'université de Perpignan


2. ↑ Le déménagement polémique des archives du Quai d'orsay [archive], 19 décembre 2008, le Figaro. Consulté le 20 décembre 2008


Bibliographie


• Pierre Miquel La Paix de Versailles et l'opinion publique française (Thèse d'État), Flammarion, coll. « Nouvelle Bibliothèque scientifique dirigée par Fernand Braudel » (réimpr. 1992) (1re éd. 1973), 611 p. (ISBN 978-2082101776)


• Jean-Jacques Becker, Le Traité de Versailles, Presses Universitaires de France - PUF, coll. « Que sais-je ? », 15 août 2002, 127 p. (ISBN 978-2130529668)


• Margaret McMillan (trad. André Zavriew), Les artisans de la paix : Comment Lloyd George, Clemenceau et Wilson ont redessiné la carte du monde « Peacemakers, Six months that changed the world. », JC Lattès, 20 septembre 2006, 660 p. (ISBN 978-2709628112)


• Bruno Cabanes, « Le vrai échec du traité de Versailles », dans L’Histoire, no 343, juin 2009, p. 82-87 (ISSN 01822411)


Traités annexes


o Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919)


o Traité de Neuilly


o Traité de Trianon


o Traité de Sèvres


o Traité de Rapallo (1920)


o Traité de Kars


o Traité de Rapallo (1922)


o Traité de Lausanne (1923)


• Les Conséquences économiques de la paix, livre de John Maynard Keynes, très critique à l'égard du traité dont il juge les conséquences économiques trop lourdes pour l'Allemagne.


• Les Conséquences politiques de la paix, livre de Jacques Bainville, très critique à l'égard du traité donc il juge les conséquences politiques incohérentes, laissant une Allemagne trop puissante avec de nombreux motifs de ne pas respecter ses obligations.


• Plan Dawes (1924) et Plan Young (1929), sur les conditions de paiement des réparations par l'Allemagne


• Dolchstoßlegende


• Causes de la Seconde Guerre mondiale


• Kriegsschuldfrage



















Frédéric CHOPIN

Jerzy GIEDROYC 1906 - 2000



Jerzy Giedroyć, prince de Kiev, (né le 27 juillet 1906 à Minsk et mort le 14 septembre 2000 à Maisons-Laffitte) était un prince polonais de Kiev, journaliste et homme politique polonais. Il fonda Kultura à Paris, revue sur la culture polonaise et mondiale, et la bataille avec communisme et totalitarisme. Il parvint à obtenir pour sa revue la collaboration des plus grands écrivains et penseurs du XXème siècle, comme Albert Camus, Simone Weil, George Orwell, Witold Gombrowicz, Thomas Stearns Eliot, Emil Cioran et Czesław Miłosz.



Il vient d'une famille aristocrate. Son père, Ignacy Giedroyć, était pharmacien. Il avait deux frères plus jeunes: Zygmunt (1909-1973) et Henryk (n. 1922). Mais, malgré son origine aristocratique, Jerzy Gieroyć ne se reconnaissait pas comme prince.


Après avoir étudié au lycée de Jan Zamoyski à Varsovie, il étudia le droit à l'Université de Varsovie. En 1930, il travailla pour l'hebdomadaire "Dzień Akademicki" et pour "Dzień Polskiego" ("Le jour Polonais"). Puis il le réorganisa comme revue "Bunt Młodych" ("La Révolte de Jeunes"). Il était aussi le secrétaire de plusieurs ministres. Il écrivait que toute la politique en Pologne se fondait dans la discussion de quelques "chiots" dans le caféterie. Il fonda le "Club des Chiots infernals", groupe politique. En 1937, la revue "Bunt Młodych" changea le titre pour "Polityka" ("La Politique").


Pendant la guerre, il collabora avec le gouvernement polonais émigré en Roumanie, et fut soldat de l'armée de Władysław Anders. Il voyagea en Syrie, jusqu'à Rome où il fonda l'Institut Littéraire (Instytut Literacki) et la revue Kultura. Quand il découvrit que les communistes soviétiques occupaient la Pologne, il déplacea le siège de sa revue à Paris. Il organisa ensuite l'émigration polonaise par sa revue. Parmi ceux qui en profitent figurent Witold Gombrowicz, Czesław Miłosz, Marek Hłasko, Leszek Kołakowski.


Il publia également des textes d'autres grands écrivains, comme Albert Camus, Simone Weil, Emil Cioran et George Orwell.


Après la chute de communisme en Pologne, il ne revint jamais dans son pays d'origine.


Il a reçu le titre de docteur honoris causa de l'Université Jagellon de Cracovie en 19911.





OSW - Centre for Eastern Studies




Marek Karp was born on 2 July 1952 in Zamość. He was the son of a noble family coming from the area of the former Grand Duchy of Lithuania. In 1980, he graduated from the University of Warsaw Institute of History (with a thesis on the awareness of state and regional community in medieval myths about the origins of Poland). His passions included the history of art and architecture. In the 1980s, he published papers on the history of Central Europe (through underground publishing organisations), co-created the underground periodical “Res Publica” for which he also worked as a journalist, and participated in the independent forum “Polska w Europie” (“Poland in Europe”). Between 1986 and 1990, he was head of the Main Library of Academy of Arts in Warsaw and lectured on the history of arts at the Warsaw Academy of Fine Arts. Between 1989-1991, Marek Karp worked as a researcher at the University of Warsaw Department of Baltic Studies where he specialised in the history of Lithuania. In the late 1980s and early 1990s he actively supported the Lithuanian independence movement Sajudis. During Lithuania’s critical moments he was a contact point between the Tadeusz Mazowiecki government and the Sajudis leaders.



Marek Karp developed the idea of the Centre for Eastern Studies, established in late 1990 by the Mazowiecki government, and was the Director of OSW for many years. He was an advocate of dialogue with the countries which emerged from the collapse of the Soviet Union. He died on 12 September 2004 during the treatment of injuries suffered as a result of a car accident which had occurred one month earlier near Biała Podlaska.


Marek Karp was awarded the Order of the Lithuanian Grand Duke Gediminas by the Lithuanian authorities. He also received the Aleksander Gieysztor award granted by the editorial board of "Przegląd Wschodni", and the Jerzy Giedroyć award (posthumously, together with OSW). He was also awarded the Officer's Cross of the Order of Polonia Restituta by the Polish president (posthumously) for his contribution to the development of co-operation between the nations of Central and Eastern Europe.


Marek never sought publicity. He was a modest man with a great heart, respectful to others, direct and willing to disinterestedly help other people. He will always remain a role model for us.


Marek Karp – The Director of OSW and our friend


A memory


The idea to create a Centre for Eastern Studies stemmed from Marek’s deep interest in the processes and events taking place beyond Poland’s eastern border. He possessed a broad knowledge about that area, especially about Lithuania and Belarus. He was fascinated with the history of the Polish-Lithuanian Commonwealth, in particular the Grand Duchy of Lithuania. His historical interests had been partly shaped by the tradition of many generations of the Karp family which originated from the lands of the former Duchy.


Marek developed the idea to create a Centre for Eastern Studies over many years. His meeting, in 1989 in London, with professor Stanisław Swianiewicz, a distinguished expert in the Institute for Eastern European Studies in pre-war Vilnius, finally consolidated Marek’s conviction that a similar institute was also needed in today’s Poland. Around the same time, Marek started to frequently travel to Lithuania, as though he sensed that Lithuania would be the first country to liberate itself from the Soviet regime. He was the first Pole to congratulate the Lithuanians for the parliamentary Act restoring the independence of the Lithuanian state on 11 March 1990. In summer 1990, Marek demonstrated great courage when he decided to support the Lithuanian deputies in defending the parliament building against an imminent attack of OMON forces. In January 1991, OMON stormed the Lithuanian television transmission tower. At that time Marek was in Warsaw, making enormous efforts to support the formation of the Lithuanian government in exile. The period during which Lithuania’s fate was about to be sealed was one of the most dramatic episodes in Marek’s life. He was rewarded for his commitment to Lithuania’s independence with the highest Lithuanian decoration, the Order of the Lithuanian Grand Duke Gediminas.


OSW was created in late 1990. The concept of its mission was the result of Marek’s thorough reflections and in-depth observations of the independence movements emerging in the Soviet area, as well as his intuition, which seldom failed him. It is notable that OSW was launched just before the collapse of the Soviet Union.


The OSW area of interest initially comprised the former Soviet republics. From the very start, Marek attached a particular significance to the independence aspirations of Belarus, a country so close his heart, with which he had always sympathised. He always viewed Belarus as an important partner in the relations between European countries.


OSW was not merely another state institution tasked with analysing the political and economic situation in the area east of Poland. Marek believed that in order to get to know Poland’s neighbours one needed, first and foremost, to learn about everyday life there, the culture, and the people’s expectations and fears. Marek’s attitude towards eastern affairs had been influenced by the ideas developed by the great advocate of dialogue between nations, Jerzy Giedroyć.


Marek Karp believed that OSW’s work should not be limited to monitoring the media and drafting analyses on this basis, but it should include, in his own words, "organoleptic examination", i.e. study trips to the countries in the OSW area of interest. Initially, the OSW research focused mainly on countries in the European part of the former Soviet Union, but over the years it was gradually extended to include Central Asia and the South Caucasus, followed by the Balkans and Central European countries. Marek’s research trips to Kazakhstan, Georgia and Azerbaijan were a source of great joy and satisfaction for him.


Thanks to Marek’s exceptional personality, the atmosphere at OSW was unusually cordial. He was a great teacher who spoke naturally and frankly about such great ideas as patriotism, national interest or service to the home country. Marek’s interlocutors often embraced his values as their own without noticing. His conversations abounded in wise and cheerful anecdotes which appealed to people more than anything else, and in this way Marek would win their trust and respect. His unpretentious ways and uncommon sense of humour often broke the ice in conversations with high-ranking statesmen.


The fact that OSW has been named after its founder proves that the Polish political elite appreciates Marek’s commitment and OSW’s activities which have laid the foundation for Poland’s eastern policy.


Apart from OSW, Marek’s other great passion was his manor house n Ludwinów in the Polesia region, which he rebuilt from ruins. He would divide his time between his duties at OSW and work on the farm he ran together with his wife Anna. The Ludwinów manor house was where Marek would meet his friends. His guests included prominent and distinguished politicians as well as people representing the world of culture, both from Poland and abroad. Marek’s official contacts often transformed into lasting friendships. When showing his guests to the Ludwinów manor house he would always emphasise how important roots and national traditions were for him.


"Well, it was quite late that I found my place on earth, in the lands of the former Grand Duchy of Lithuania (...). Geographically, it is located in the north-western corner or Polesia. Overgrown with alders, this flat terrain is damp, soaked with water. It is home to many storks and even more frogs. Everything is trivial here but, in my opinion, beautiful and sweet. This is the landscape of the promised land which my ancestors left’ and to which I managed to return." (Wprost, 27.06.1999 r.).



In 2004 Marek Karp and the Centre for Eastern Studies received the Jerzy Giedroyć Award
The award college decided to honour Marek Karp and the OSW for:
"creatively implementing, over many years, the political thought of Jerzy Giedroyć and, in particular, building bridges between Poland and its eastern neighbours, and fostering better mutual knowledge and understanding."

Prix Nobel Henryk Sienkiewicz

l'Institut de l'Europe du Centre-Est à Lublin

Mably et Rousseau et la cause polonaise


Gabriel Bonnot de Mably, né à Grenoble le 14 mars 1709 et mort à Paris le 2 avril 1785, était un philosophe français.



Issu d'une famille de noblesse parlementaire, L'abbé Mably était le frère de Condillac qui était lui aussi philosophe. Mably dénonça le « despotisme légal » (Doutes proposés aux philosophes et aux économistes sur l'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, 1768). Il critiqua également le système politique anglais, selon lui, il subordonnait le pouvoir législatif au pouvoir exécutif.


Il a été présenté comme un précurseur du socialisme utopique et de la Révolution. Il fait une critique moralisante de la société d'Ancien Régime, où il dénonce l'inégalité des conditions et la propriété privée comme cause des maux de la société. Il voit dans la propriété commune et l'égalité, moins un moyen d'atteindre le bonheur qu'un moyen d'atteindre la vertu (Observations sur l'histoire de France, 1765 ; De la législation ou Principe des lois, 1776). Il admire les sociétés antiques, modèle de frugalité et de vertu, telle Sparte et choisit le vertueux et ascète Phocion comme modèle de sa société vertueuse (Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale et de la politique, 1763).


Marc Belissa, Introduction et notes à l'édition de Du gouvernement et des lois de la Pologne, suivi de De la situation politique de la Pologne en 1776Banquet des Politiques, Paris, Kimé, 2008






• Parallèle des Romains et des François par rapport au gouvernement, (1740)


• Lettres à Madame la Marquise de P... sur l’Opéra, (1741)


• Le droit public de l’Europe fondé sur les traités conclus jusqu’en l’année 1740 (1746)


• Observations sur les Grecs (1749)


• Observations sur les Romains (1751)


• Des principes des négociations pour servir au Droit public fondé sur les traités (1757)


• Entretiens de Phocion, sur l’introduction de la morale avec la politique, traduits du grec de Nicoclès, avec des remarques (1763)


• Réponse de M. Abbé de Mably à M. Abbé Rome (1764)


• Observations sur l’histoire de France, livres I - IV (1765)


• Observations sur l’histoire de la Grèce, ou Des causes de la Prospérité et des malheurs des Grecs (1766)


• Doutes proposés aux philosophes économistes sur l’ Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques (1768)


• Du commerce des grains, (1775)


• De l’étude de l’histoire à Monseigneur le prince de Parme Tome XVI du cours d’études pour l’instruction du Prince de Parme, aujourd’hui S.A.R. l’Infant D. Ferdinand, duc de Parme, Plaisance, Gasuelle etc. par M. l’Abbé de Condillac (1775)


• De la législation, ou Principes des lois (1776)


• Du gouvernement et des lois de la Pologne (1771 ou 1776 ?)


• De la manière d’écrire l’histoire, (1783)


• Principes de morale, (1784)


• Observations sur le gouvernement et les lois des États-Unis d’Amérique, (1784)


Œuvres posthumes
• Observations sur l’histoire de France, nouvelle édition précédée de l’éloge historique de l’auteur par M. l’abbé Brizard (1788)


• De la situation politique en Pologne en 1776


• Le Banquet des politiques


• De l’étude de la politique


• Des maladies politiques et de leur traitement


• Des droits et des devoirs du citoyen (1789, réimprimé en 1793, mais écrit en 1758)


• Du commerce des grains


• De la superstition


• Notre gloire et nos rêves


• De la paix d’Allemagne


• De la mort de l’impératrice-reine


• L’oracle d’Apollon


• Des talens


• Du beau


• Du développement, des progrès et des bornes de la raison


• Le compte rendu


• La retraite de M. Necker


• Du cours et de la marche des passions dans la société


Éditions d'œuvres complètes jusqu'à 1795


• Œuvres complètes de l’Abbé Mably, nouvelle édition précédée de l’éloge historique de l’auteur par M.l’abbé Brizard, 12 vol., édition presque complète d'une imprimerie à Londres (1789)


• Œuvres complètes de l’abbé Mably, 19 vol., Toulouse (Sens) & Nîmes (Gaude) édition), (1791)


• Œuvres complètes de l’abbé Mably, nouvelle édition; revue, corrigée et augmentée, 19 vols. Toulouse (Sens) & Nîmes (Gaude édition), (1793)


• Collection complète des œuvres de l’abbé Mably, 15 vols. édition Paris (Desbrières), (1794/1795) plus complète d'autres éditions.


Littérature secondaire
• Marc Belissa, Introduction et notes à la réédition des Principes des Négociations pour servir d'Introduction au Droit public de l'Europe, Paris, Kimé, 2001.


• Marc Belissa, Introduction et notes à l'édition de Du gouvernement et des lois de la Pologne, suivi de De la situation politique de la Pologne en 1776 et Le Banquet des Politiques, Paris, Kimé, 2008.


• Marc Deleplace, L'anarchie de Mably à Proudhon, 1750-1850. Histoire d'une appropriation polémique, ENS-LSH Éditions, 2002


• Johnson Kent Wright, A Classical Republican in Eighteenth-Century France : The Political Thought of Mably, Stanford University Press, 1997


• Charles Philippe Dijon de Monteton, Der lange Schatten des Abbé Bonnot de Mably. Divergenzen und Analogien seines Denkens in der Politischen Theorie des Grafen Sieyès, in: Thiele, U. (ed.): Volkssouveränität und Freiheitsrechte. Emmanuel Joseph Sieyes' Staatsverständnis, Nomos, Baden-Baden, 2009, S. 43-110
La Pologne est mieux qu’un cas d’école pour la philosophie politique des Lumières, ce que la publication exemplaire « Du gouvernement et des lois de la Pologne » de Mably que nous propose Marc Belissa, déjà éditeur dans les mêmes conditions des Principes des négociations pour servir de préface au droit public de l’Europe de 1757, rappelle opportunément. C’est à une véritable expertise que Mably, Rousseau, mais aussi Mercier de la Rivière et d’autres, se livrent relativement aux maux qui assaillent la république polonaise, puisque tel est situé son gouvernement dans l’échelle des régimes politiques de l’époque. Marc Belissa, dans une très riche introduction qui couvre un tiers de l’ouvrage, nous restitue avec précision les éléments du contexte dans lequel se déploient ces réflexions. Contexte international tout d’abord, puisque les textes de Mably sur la Pologne, qui composent ce recueil, écrits entre 1770 et 1776, encadrent le premier partage de ce pays par ses puissants voisins russe, prussien et autrichien. Un contexte pour la description duquel l’éditeur mobilise sa connaissance fine des questions de relations internationales, comme nous dirions aujourd’hui, questions qu’il a abordées sous l’angle de la philosophie politique du XVIIIe siècle dans un ouvrage précédent (voir Fraternité universelle et intérêt national, 1713-1795. Les cosmopolitiques du droit des gens, Kimé, 1998). Contexte intellectuel et politique ensuite, lequel comporte deux aspects également mis en lumière ici : d’une part, l’active propagande, liée aux questions diplomatiques, qui conduit Voltaire ou les Encyclopédistes à prendre fait et cause pour le despotisme éclairé contre le sarmatisme polonais, quand Mably et Rousseau se portent au chevet de la République à l’appel des confédérés de Bar ; d’autre part, l’inscription de la réflexion sur la Pologne dans l’horizon plus large de la réflexion politique du siècle, et notamment de celle sur la nature du gouvernement républicain. Dans cette perspective, loin d’être un ectoplasme désincarné, la Pologne offre au contraire un terrain vivant pour le développement de projets de réformes qui sont autant d’expressions d’une pensée politique complexe et soucieuse d’efficacité. Trois positions s’affrontent alors tant en Pologne que parmi les « experts » qui se prononcent sur son cas, en partie selon qui les sollicite. Si le sarmatisme, forme idéologique originelle du « républicanisme » polonais, incarné notamment dans la triple institution de la monarchie élective, des confédérations et du liberum veto (ce dernier focalisant les plus vives critiques), ne paraît plus que la position rétrograde d’une aristocratie soucieuse de ses privilèges (l’existence du servage, question sociale qui n’est pas non plus ignorée des différents auteurs, contribue vivement au discrédit jeté sur ce républicanisme aristocratique), l’apologie d’un despotisme éclairé (p. 71), entrevu avec Stanislas Poniatowski et qui masque en fait les menées de la Grande Catherine, soutenu par Voltaire ou les Encyclopédistes, est contesté comme seule voie d’accès à la modernité par Mably ou Rousseau. Ceux-ci mettent plus volontiers leurs pas dans ceux du roi déchu, Stanislas Leszczinski (p. 49), qui ouvre peut-être en 1749 la voie d’un réformisme républicain partagé par les confédérés de Bar, réformisme qui, tel que repris et développé par Mably et Rousseau, pense la réorganisation républicaine comme refondation nationale (p. 111-112), ce qui ressort également du projet de Dupont de Nemours sur une éducation nationale, en 1774 (p. 82). Incidemment, les textes de Mably nous livrent enfin, au-delà du cas polonais, une réflexion sur le régime républicain et sur sa place à l’origine et dans l’évolution des sociétés politiques, questions essentielles dans l’ensemble de son œuvre, aussi bien lorsque l’analyse du républicanisme polonais s’éclaire, comme nous le suggère Marc Belissa, par « l’anarchie féodale » (p. 47), que dans l’effet d’écho que l’évocation du liberum veto et les confédérations comme formes du droit de résistance à l’oppression produit avec les passages des Droits et devoirs du citoyen, non publiés alors, consacrés à l’insurrection. Une réflexion qui s’inscrit nettement dans la perspective jusnaturaliste moderne pour qui « la réciprocité de la liberté entre les citoyens fonde donc l’égalité politique » (p. 94). Restituant les textes de Mably dans le très riche contexte des publications contemporaines sur la Pologne, appuyant son appareil de notes sur une bibliographie plus étendue qu’il ne le concède en introduction, Marc Belissa nous invite à une lecture fine de textes qui ne sont pas seulement réflexion spéculative, mais également actualisation des « promesses de liberté dans le champ de l’action politique »




Gabriel Bonnot de MABLY, « Du gouvernement et des Lois de la Pologne », suivi de De la situation politique de la Pologne en 1776 et de Le Banquet des Politiques, Paris, Kimé, 2008. Introduction et notes de Marc Belissa Paris X Nanterre


Cette édition comprend l'intégrale des textes écrits par Mably sur la République polonaise, ses institutions et les grandes lignes des conflits militaires et diplomatiques qui agitent la Pologne dans les années 1760-1780. Ces documents sont un témoignage de la réflexion des Lumières sur la démocratie et la République qui n'a pas épuisé son intérêt aujourd'hui.


Quatrième de couverture


Du gouvernement et des lois de la Pologne
La question de la République et du républicanisme à l'époque moderne est au centre de nombreux travaux depuis une trentaine d'années. Les interrogations actuelles sur ce qu'il est convenu d'appeler la « crise de la démocratie » ne sont sans doute pas étrangères à cet intérêt renouvelé.


La République et le républicanisme ne sont pas au XVIIIe siècle seulement des « traditions » issues de la philosophie antique ou de celle de l'Italie de la Renaissance. Il existe en Europe un certain nombre d'États républicains dont l'expérience pratique contribue à former la pensée politique des Lumières. Parmi ceux-ci, la Pologne est l'enjeu d'un débat important sur la question de la modernité du républicanisme.


Les deux plus importantes contributions à ce débat ont été celles de Jean-Jacques Rousseau et de Gabriel Bonnot de Mably, tous deux sollicités par les envoyés des « patriotes » polonais en France afin de donner leur avis sur les réformes nécessaires pour sauver la république polonaise.


Si le texte des Considérations sur le gouvernement de Pologne de Rousseau (1771) est bien connu, Du gouvernement et des Loix de Pologne (1770-1771 ) de Mably l'est beaucoup moins. Pourtant le texte de Rousseau est largement inintelligible sans la connaissance de celui de Mably auquel il répond. Ces deux textes s'insèrent par ailleurs dans une discussion beaucoup plus large qui commence au début des années 1760 et s'achève vers 1780 et qui fait de l'histoire de la Pologne un élément important de la réflexion politique des Lumières.
Pour replacer la production de Mably dans ce contexte, l'introduction présente la République polonaise et ses institutions, puis les grandes lignes des conflits militaires et diplomatiques qui agitent la Pologne dans les années 1760-1780, avant d'évoquer les principaux thèmes du débat des Lumières sur la Pologne. Cette édition comprend l'intégrale des textes écrits par Mably sur ce sujet : Du Gouvernement et des Loix de Pologne (1770), De la situation de la Pologne en 1776 et Le Banquet des Politiques. Ces documents sont un témoignage de premier plan de la réflexion des Lumières sur la démocratie et la République qui n'a pas épuisé son


- L'extrait présenté ici est le premier chapitre de la première partie du Gouvernement et des Lois de la Pologne de Mably. Il est suivi de la table des matières de l'ouvrage.
De la situation actuelle de la Pologne. Ses intérêts, ses besoins. De la méthode avec laquelle les confédérés de Bar doivent procéder à la réforme des lois. De l’établissement d’une puissance législative.


NOUS nous entretenons souvent, monsieur le comte, des malheurs qui affligent votre patrie, nous en recherchons les causes, votre amour du bien public voudrait trouver quelque remède utile à vos concitoyens ; et puisque vous le désirez, j’aurai l’honneur de vous faire part de mes réflexions. Je souhaiterais qu’elles pussent être de quelque utilité à une nation que les vices de son gouvernement ont pu rendre malheureuse ; mais qui, craignant la servitude, et aimant la liberté, est peut-être encore capable de renoncer à ses préjugés, et de réparer ses fautes. Si vous me disiez de vos compatriotes ce que Tite-Live disait des Romains de son temps : Nec vitia nostra, nec remedia pati possumus (1) ; il faudrait vous résoudre à voir périr votre république. L’amour de la liberté, l’amour de la patrie, le mépris de la mort, le courage et la patience, vos confédérations sur lesquelles vous fondez de si grandes espérances : rien de tout cela ne vous empêchera de succomber. Une longue expérience nous apprend que la vertu des hommes est malheureusement renfermée dans des bornes très étroites (2) . On se lasse à force de revers, des espérances toujours trompées s’évanouissent enfin, les âmes s’affaissent ; et plus les Polonais auront fait d’efforts pour conserver leur indépendance, plus leurs ennemis, qui en auront triomphé avec peine, sentiront la nécessité de les accabler sous un joug rigoureux.


Quoique l’anarchie la plus monstrueuse règne depuis longtemps en Pologne ; quoique vos lois soient elles-mêmes la première cause de vos malheurs, et que vous ayez au milieu de vos provinces les armées d’une puissance ennemie qui vous traite déjà en vaincus ; enfin, quoique vous ne puissiez guère compter sur les secours de vos alliés naturels, que la faiblesse de votre administration a refroidis, ou qui se trouvent peut-être dans des circonstances qui les forcent à négliger vos intérêts ; rien n’est encore désespéré, s’il est vrai, comme je n’en doute point après nos conversations, que vos grands seigneurs, commençant à sentir que leur fortune domestique ne subsistera pas si la république est détruite, s’abandonnent moins à leurs haines, et sont capables de se rapprocher. Tant que les Polonais ne se sont pas vus sur le penchant du précipice, tant qu’ils n’ont craint que leurs propres armes, et ont pu se flatter de ne point dépendre de leurs voisins ; je ne suis point surpris qu’ils se soient abandonnés à une imprudente sécurité mais aujourd’hui l’illusion est dissipée, ils sont instruits de leurs erreurs par leurs malheurs. Vous trouverez, monsieur le comte, les esprits plus disposés à vous entendre, et vous pouvez travailler avec succès à une réforme, puisque les personnes qui sont avec vous à la tête des confédérés (3) , aiment leur patrie en hommes éclairés, en voient les vices, et ne se bornant pas à conjurer la tempête dont vous êtes battus, portent leurs vues sur l’avenir, et veulent prendre des mesures pour donner des fondements solides à une liberté tranquille.


La première vérité, monsieur, dont vos bons citoyens doivent être pénétrés, c’est que la Pologne, avec le titre de république, ne sera en effet qu’une province de la Russie, si vous ne chassez pas ses armées de vos possessions. Craignez sa garantie (4) , craignez ses bienfaits, craignez surtout sa protection. Vous serez tôt ou tard esclaves, si vos voisins conservent la moindre influence dans vos affaires. En voulant décider de votre bonheur, en feignant de prendre des mesures pour l’assurer, soyez sûrs qu’on cherchera à vous tromper : quelque proposition avantageuse qu’on vous fasse, ne la regardez donc que comme un piège ; au lieu d’une paix véritable, vous n’auriez qu’une trêve frauduleuse. Après avoir reconnu votre indépendance, on chercherait encore à vous asservir, on profiterait de vos anciens préjugés pour faire naître parmi vous de nouvelles haines, de nouvelles intrigues, de nouvelles cabales et de nouvelles factions. J’aimerais mieux vous voir établir des lois grossières et une constitution imprudente, que si vous en receviez de plus sages de la part de vos voisins. Pour rendre la république véritablement et constamment heureuse, il faut avoir le courage de supporter les maux de la guerre, et de vous ensevelir sous vos ruines, plutôt que de consentir à n’avoir qu’une indépendance précaire, et soutenue par une protection étrangère.


Pourquoi la Pologne se prêterait-elle à un accommodement avec les Russes, puisque ayant fait une entreprise beaucoup au-dessus de leurs forces, et contre les règles que doit se prescrire une ambition prudente et éclairée, ils doivent s’épuiser de jour en jour, et ne sentir enfin que leur faiblesse ? Que la guerre dure encore trois ou quatre ans, je le souhaite pour vous, elle vous est nécessaire ; et la Russie épuisée sera dans l’impuissance de la continuer. Il est aisé de prévoir quel sera alors l’état de ses finances ; et des recrues nouvelles tiendront inutilement la place des troupes disciplinées qu’elle aura perdues (5) . C’est auprès des Turcs qu’il faut agir, et en les encourageant contre leurs premières disgrâces, les empêcher de consentir à une paix honteuse. Voilà, monsieur le comte, quels sont dans ces circonstances les véritables intérêts de votre patrie : votre salut dépend de la fermeté de la Porte à soutenir cette guerre. Si vos amis trompés vous proposent une paix suspecte, ayez du courage et de la patience, et vous parviendrez à la fin que vous vous proposez, pourvu que les Turcs ne vous abandonnent pas. Je le répète, ne vous fiez ni aux traités que vos ennemis vous présenteront avant que d’avoir senti leur faiblesse, ni aux garanties que vos alliés vous offriront. Une longue expérience a dû apprendre à toute l’Europe que ces actes dressés avec tant de formalités, n’amortissent point les passions. C’est un feu caché sous la cendre, craignez un nouvel incendie.


Mais quand la Pologne pourrait compter sur les traités et les garanties, ne serait-elle pas extrêmement imprudente, si se contentant d’avoir échappé aux maux dont elle est aujourd’hui accablée, elle ne s’occupait pas du soin d’être à l’avenir plus heureuse ? De mauvaises lois ont causé jusqu’à présent tous les troubles et les désordres qui ont donné à la Russie l’espérance de vous asservir ; et de bonnes lois peuvent seules, en vous mettant en état de connaître vos forces, vous faire respecter de vos voisins : un sage gouvernement, voilà votre seul rempart. Les confédérés sont persuadés de cette vérité, et ils espèrent que leur patrie, instruite par ses malheurs, se prêtera à une réforme. J’aime à le croire comme vous ; mais, permettez-moi de le dire, ces espérances s’évanouiront, si dans le moment où la paix sera conclue, on ne présente pas aux diétines et à la diète générale un système tout arrangé de gouvernement.


Pour peu qu’on réfléchisse sur la nature des habitudes et des préjugés qui forment le caractère des peuples ; pour peu qu’on songe à l’empire despotique que ce caractère national exerce sur les citoyens, on sera convaincu qu’une nation qui n’est pas inspirée, conduite, dirigée et animée par des hommes courageux et éclairés, est incapable d’apercevoir ses vices, d’y renoncer, et de corriger par des établissements salutaires les abus dont elle se plaint. A la mort de Charles XII, quel aurait été le sort de la Suède si quelques seigneurs n’avaient pas porté à la diète un plan tout formé de gouvernement ? Jamais on n’aurait rien pu faire de bien. En détestant le despotisme des deux derniers rois, on n’aurait su comment s’y prendre pour s’en débarrasser. On ne se serait point entendu, les citoyens auraient été divisés, parce qu’ils ne se seraient pas proposés les mêmes moyens pour arriver à leur but. Faute d’un point commun et propre à réunir les esprits, on se serait abandonné aux passions et aux erreurs avec lesquelles on était familiarisé. Peut-être que des intérêts opposés auraient fait naître des querelles et des haines pernicieuses, ou du moins les lois, peu d’accord entre elles, au lieu d’établir les principes d’un gouvernement régulier, n’auraient jeté dans une république informe que des sources d’anarchie et de despotisme (6) .


Si les confédérés veulent servir utilement leur patrie, substituer la liberté à la licence, et se couvrir d’une gloire immortelle, ils doivent dès aujourd’hui préparer les lois qu’il faudra présenter à leurs compatriotes dans le premier moment où il leur sera permis d’avoir une diète libre. Ne doit-on pas espérer que, profitant à la fois et du souvenir des maux passés et de la joie qui accompagne une prospérité nouvelle et longtemps attendue, ils persuaderont et entraîneront tous les esprits ? Leur condition actuelle, leur mérite, ce qu’ils auront souffert pour la patrie, tout sera également propre à faire naître une espèce d’enthousiasme favorable aux nouveautés. Quelque fondée que soit cette espérance, il faut cependant commencer dès aujourd’hui à vous préparer le succès que vous attendez. Ne perdez aucune occasion d’irriter vos citoyens contre les violences et les injustices de leurs ennemis ; que leur patience n’affaiblisse point leur courage. Plus vous jugerez que les Polonais sont prévenus en faveur de leur gouvernement et tiennent avec force à leurs préjugés et à leurs habitudes, plus il sera nécessaire de publier de temps en temps quelques écrits pour éclairer votre noblesse, et la préparer aux réformes que vous méditez. Après avoir attaqué avec adresse les erreurs auxquelles les Polonais sont le moins attachés, il faudrait prouver que tous les malheurs de la république tirent leur origine des vices de sa constitution (7) , et que vouloir la laisser subsister, c’est vouloir encore éprouver les mêmes désordres dont on se plaint : la même cause devant toujours produire les mêmes effets.


Quels que soient les changements qu’on proposera aux Polonais, quelque salutaires qu’ils puissent paraître, je vous prie, monsieur le comte, de faire attention qu’ils seront inutiles, si l’on ne suit pas une certaine méthode dans la réforme que vous projetez. L’important est de commencer par où il faut en effet commencer (8) .


C’est une attention que nos législateurs n’ont presque jamais eue, et c’est ce qui fait qu’avec les plus belles lois pour nous contraindre à faire le bien, nous persévérons constamment à faire le mal. Vous ne finirez point, si vous voulez proscrire en détail chaque abus, et personne ne lira votre code volumineux. Si par hasard on le lit, il excitera une révolte générale ; car il n’est pas possible de renoncer subitement à son caractère pour en prendre un nouveau. Si vous remontez au contraire à la source du mal, peu de lois vous suffiront ; et quand vous aurez établi une sage constitution, elle servira de base à tous les règlements salutaires que vos besoins demanderont successivement ; et on y obéira avec plaisir, parce qu’on en sentira la sagesse.


Pour vous faire mieux entendre ma pensée, je vais vous tracer en deux mots l’histoire du gouvernement et des malheurs de votre patrie. Un peuple courageux, fier, indocile, jaloux de sa liberté, et tel qu’on peint les anciens Barbares qui ont détruit l’empire romain, se lasse des désordres de l’anarchie, et se fait un roi ou un premier magistrat auquel il a l’imprudence d’accorder un pouvoir dont il était trop aisé d’abuser, et qui, ne pouvant par conséquent s’allier avec la liberté des sujets, doit exciter de toutes parts de nouvelles alarmes, de nouvelles craintes, de nouveaux soupçons et de nouveaux désordres. Le prince suspect à sa nation, ne tardera pas à être regardé comme un ennemi domestique. Les lois mal combinées, qui avaient irrité son ambition, sépareront de plus en plus ses intérêts de ceux de la république ; et dans cette dissension civile, le gouvernement sera sans autorité et les lois sans force.


Le roi qui distribuait à son gré les dignités et les domaines de la république, fut secondé dans ses entreprises par tous ceux que l’espérance de la faveur et des grâces avait corrompus ; et la Pologne n’échappa au pouvoir arbitraire, qu’en recourant plus souvent à l’usage des confédérations. Les voix furent achetées dans les diètes ; et pour empêcher que ces assemblées ne vendissent au roi la liberté de la nation, on établit enfin le liberum veto. C’est alors que chacun éprouvant qu’il n’était plus sous la protection des lois, tout devint intrigue, tout devint cabale, parti et faction. La Pologne incapable d’être heureuse au-dedans, et toujours faible, parce qu’elle ne pouvait réunir ses forces, fut sans considération au-dehors. L’Europe la compta pour rien ; ses alliés naturels, qui ne pouvaient en attendre aucun secours, la négligèrent, et ses voisins auraient exercé depuis longtemps sur elle l’empire que la Russie a usurpé depuis le commencement de ce siècle, s’ils avaient eu une ambition plus éclairée, ou que d’autres entreprises n’eussent fait une diversion favorable aux Polonais.


En dernière analyse, monsieur le comte, tous les maux dont votre république se plaint, viennent de l’anéantissement de la puissance législative (9) qui a été soumise aux caprices d’un nonce qui prononçait le veto. Dès lors il vous a été impossible de faire les nouvelles lois que demandaient de nouvelles circonstances et de nouveaux besoins ; et, permettez-moi cette expression qui n’est que trop vraie, vous êtes restés dans votre ancienne barbarie, tandis que vos voisins sortaient de la leur. Pour comble de maux, vous n’avez plus même obéi à vos anciennes lois ; car la ruine de la puissance législative devait entraîner la ruine de la puissance exécutrice. Comment vos magistrats, chargés de l’exécution des lois, n’auraient-ils pas abusé de leur crédit et de leur pouvoir pour ne consulter et ne servir que leurs passions, puisqu’il n’y avait plus une puissance supérieure qui éclairât leur conduite, et pût les réprimer ou les punir ? Tout Polonais fut donc opprimé ou oppresseur, suivant qu’il fut faible ou fort. Voulez-vous sortir de cet état déplorable, unir par un même intérêt les citoyens divisés, et vous faire respecter de vos voisins ? Commencez donc par établir une puissance législative, et donnez-lui une force à laquelle rien ne puisse résister.


Si les préjugés des Polonais sont tels qu’il soit impossible de commencer la réforme par cette opération ; ou si la politique de leurs voisins s’y oppose, parce qu’ils craignent que la république ne se corrige de ses erreurs, il est inutile, monsieur le comte, de songer au salut de votre patrie. On pourrait peut-être appliquer quelques palliatifs, mais ne comptez sur aucun remède efficace. Il y a enfin un terme aux abus d’une nation. Les Polonais, éternellement en proie aux mêmes désordres, se lasseront enfin de défendre une ombre de république qui est funeste à tous les citoyens, et qui ne produit que des despotes et des esclaves. Votre petite noblesse n’a rien à perdre par la révolution (10) qui la ferait passer sous l’obéissance d’une puissance étrangère ; peut-être pourrait-elle espérer d’y jouir d’un sort moins malheureux. Les grands doivent conserver la république qui fait leur grandeur ; mais en la déchirant par leurs divisions, et en n’obéissant à aucune loi, peuvent-ils se flatter de la voir longtemps subsister ?


NOTES


(1) "Nous ne pouvons supporter ni nos vices, ni les remèdes".


(2) La vertu républicaine (qui n’est pas la virtù machiavélienne), c’est l’attachement de tous au bien commun sans laquelle les lois et la république ne peuvent subsister. Mais cet attachement n’est pas simplement un impératif moral sans conséquence : la vertu est aussi une pratique quotidienne du rapport avec les autres citoyens en vue du bien public. La vertu politique est donc l’amour de l’égalité qui fonde ces rapports et des lois qui les encadrent. En tant qu’attachement au bien commun, la vertu n’est pas une donnée immuable, elle doit toujours affronter la corruption qui n’est autre que la situation dans laquelle l’intérêt particulier s’impose au détriment du bien commun. Les intérêts particuliers et leur expression individuelle et sociale, les passions, tendent toujours à s’imposer contre les obligations et les devoirs découlant de la réciprocité de la liberté et de l’égalité. Quand la vertu est oubliée, la corruption gagne la république et son fonctionnement. Mais appeler les individus à la vertu de manière incantatoire est inutile, car les passions doivent être subordonnées à la raison plutôt que sommées de se soumettre : il faut que la loi et les institutions incitent les citoyens et organisent les pouvoirs de sorte que chacun concilie son intérêt personnel et ses passions avec la justice et l’intérêt commun. La vertu républicaine ne nie pas l’individu et ses passions, mais cherche à les assujettir au service du bien public, à faire en sorte que les citoyens ne puissent négliger l’intérêt public sans mettre en péril leur intérêt particulier. La vertu n’est donc pas une affaire "privée", mais éminemment politique. Quand l’organisation des relations entre les citoyens ou entre eux et les magistrats aboutit à la domination de l’intérêt particulier sur l’intérêt général, on peut dire que les formes du gouvernement ou de la république sont vicieuses. Pas plus que la vertu, le "vice" n’est, chez Mably, une question "privée" et "individuelle", mais une question fondamentalement politique. Toute disposition qui ne vise pas au bien commun, mais à la domination de quelques-uns sur le corps collectif des citoyens est donc fondamentalement "vicieuse". Les "vices" du gouvernement de Pologne sont donc l’ensemble des dispositions qui ne visent qu’à la satisfaction des intérêts particuliers. Il ne peut exister de remède permanent à la corruption, car la source principale de celle-ci est l’inégalité des richesses qui permet aux puissants de se soumettre les plus pauvres. Pour contrer l’inégalité toujours renaissante, il faut limiter les écarts des conditions matérielles entre les citoyens par la loi, surveiller strictement les gouvernants et travailler sans cesse à l’éducation civique de tous.


(3) Les principaux dirigeants de la confédération de Bar sont Adam Krasinski, l’évêque de Kameniec et son frère Michel, Jozef Pulaski, le secrétaire de la confédération Ignacy Bohusz et le maréchal général Michel Jean Paç. Les figures les plus connues des grandes familles de magnats n’en font pas partie.


(4) La "garantie" était une pratique fondamentale de la diplomatie de l’Ancien Régime par laquelle une puissance dominante se portait garante du maintien en l’état des institutions d’une autre puissance contractante. La garantie des traités de Westphalie permet ainsi l’intervention de la France dans les affaires allemandes. Les garanties russe et prussienne de la "constitution" polonaise stipulées dans plusieurs traités donnaient à Catherine II et à Frédéric II le droit de s’immiscer dans toutes les affaires intérieures polonaises, et notamment pour s’opposer à toute modification des "libertés" polonaises comme le veto.


(5) Pour beaucoup de commentateurs des Lumières, la puissance russe est largement factice et surtout due à l’action tyrannique de Pierre le Grand. L’idée que la Russie est un colosse aux pieds d’argile est donc très répandue dans les textes sur la Pologne, du moins dans le camp des philosophes opposés aux despotes éclairés. Les critiques mettent en général en avant ses ressources financières limitées et l’inexpérience de ses soldats comparés à ceux de ses voisins. Sur l’image de la Russie au XVIIIe siècle, voir le classique A. B. Lortholary, Les philosophes du XVIIIe siècle et la Russie : le mirage russe en France au XVIIIe siècle, Paris, Boivin, 1948.


(6) La Suède est pour Mably une référence incontournable. Elle lui offre un exemple moderne de gouvernement "républicain" ayant remplacé un pouvoir royal absolu. A la mort de Charles XII en 1718, la Suède est ruinée par les guerres. La diète suédoise (le Riksdag) prend alors le contrôle de la monarchie et impose une constitution quasi-républicaine en 1719, renforcée en 1723 après l’échec des tentatives absolutistes de Frédéric de Hesse, mari de Ulrique-Léonore, sœur et héritière de Charles XII. La constitution de 1719 comportait quarante articles. Le pouvoir législatif était exercé par la diète, réunie tous les trois ans. Aucun impôt ne pouvait être levé sans son accord, la guerre ne pouvait être déclarée que par elle et même la diplomatie royale était soumise à la ratification du législatif. Dans l’intervalle des sessions de la diète, elle nommait un comité secret de cinquante nobles, vingt-cinq clercs et vingt-cinq bourgeois qui exerçaient le pouvoir réglementaire et exécutif et pouvaient même prendre des décisions de justice. La commission secrète nommait en son sein une députation secrète chargée de la diplomatie. Le Conseil d’État (et non du roi) était responsable devant la diète. La constitution suédoise était admirée par une partie des Lumières, et même Voltaire dans l’Essai sur les mœurs en fait l’éloge. Il est vrai qu’il change d’avis ensuite. De 1719 à 1772, la période du parlementarisme suédois qui voit se constituer et s’opposer les deux partis des Bonnets et des Chapeaux a été qualifiée "d’ère de la liberté". Elle prend fin avec le coup d’État de Gustave III, soutenu par la France, en août 1772, au moment même où la Pologne subit la première partition. Mably ne semble pas en percevoir les prémices en 1770-1771. Sur la Suède de "l’ère de la Liberté", voir M. Roberts, The Age of Liberty. Sweden 1719-1772, Cambridge, Cambridge University press, 1986.


(7) Le terme de "constitution" ne possède pas au XVIIIe siècle le sens actuel de document écrit et définissant la nature et les relations entre les pouvoirs et les citoyens. La constitution d’un État c’est, sous l’Ancien Régime, son état, sa situation, ses lois fondamentales non-écrites, ses coutumes et l’ensemble des lois politiques. Sur le constitutionnalisme de Mably, voir P. Friedemann, "Culture politique et État constitutionnel chez Mably" dans F. Gauthier et F. Mazzanti Pepe (dir.), La politique comme science morale, colloque Mably à Vizille, juin 1991, tome 1, Palomar, Bari, 1995, p. 77-105.


(8) Mably a souvent été taxé "d’utopisme" ou d’être un "homme à chimères" comme on disait au XVIIIe siècle. Tout au long du texte, il ne cesse au contraire d’insister sur la nécessité d’adopter une méthode suivie, adaptée aux conditions particulières de la Pologne et extrêmement prudente de réforme. Sur la méthode de Mably, voir J. Casali de Babot, G. Salvatierra, "Mably, utopie ou réalisme dans la pensée pré-révolutionnaire" dans F. Gauthier et F. Mazzanti Pepe (dir.), La politique comme science morale, op. cit., p. 85-100.


(9) Il faut distinguer la puissance législative ou le pouvoir législatif d’avec le Corps législatif qui en est investi. Ici, Mably ne fustige pas l’anéantissement de la diète par le veto, mais celui du pouvoir législatif lui-même.


(10) Au XVIIIe siècle, le terme de "révolution" n’a pas le sens actuel "d’ensemble des événements historiques qui ont lieu dans une communauté importante (nationale, en général) lorsqu’une partie du groupe en insurrection réussit à prendre le pouvoir et que des changements profonds (politiques économiques et sociaux) se produisent dans la société" (Petit Robert). Pour les hommes des XVIIe et XVIIIe siècles, le mot évoque avant tout le mouvement physique des astres et par métaphore toute transformation cyclique, le terme n’est donc pas chargé d’une connotation de rupture fondamentale. Les deux Révolutions d’Angleterre du XVIIe siècle marquent un changement. Pour les contemporains, elles forment un cycle de transformations politiques et morales auquel ils donnent le nom de Révolutions (au pluriel donc). C’est sous cette forme qu’on le retrouve dans la littérature des Lumières où l’on parle par exemple des Révolutions de Rome pour décrire le passage de la république à l’empire. A partir du milieu du XVIIIe siècle, le terme est appliqué au mouvement intellectuel et scientifique. La révolution devient celle des progrès de l’esprit humain. Le terme perd même chez certains penseurs la connotation légèrement négative qu’il possédait jusque-là. Mably par exemple évoque dans Les droits et les devoirs du citoyen de 1757 la révolution nécessaire et bénéfique qui doit, selon lui, abattre la monarchie absolue. Rousseau parle d’une révolution qui s’annonce en Europe (mais la considère plutôt avec crainte qu’avec impatience). Dans le débat sur la Pologne, le terme de "révolution" est utilisé pour décrire les transformations, subies ou désirées, des institutions ou de la position extérieure de la République. Sur ce terme, voir A. Rey, Révolution. Histoire d’un mot, Paris, Gallimard, 1989.


Table des matières de l'ouvrage


Introduction Marc Belissa


Du gouvernement et des lois de la Pologne. A M. Le comte Wielhorski


PREMIÈRE PARTIE


Chapitre I De la situation actuelle de la Pologne. Ses intérêts, ses besoins. De la méthode avec laquelle les confédérés de Bar doivent procéder à la réforme des lois. De l’établissement d’une puissance législative.


Chapitre II Des moyens nécessaires pour établir une puissance législative en Pologne


Chapitre III De la discipline et de l’ordre des diétines, relativement à la puissance législative


Chapitre IV De la puissance exécutrice relativement au pouvoir législatif


Chapitre V De la puissance exécutrice considérée dans la personne du roi


Chapitre VI Réflexions relatives aux lois qu’on a proposées au sujet de la royauté


Chapitre VII Comment la réforme du gouvernement polonais doit être vue par les cours de l’Europe


Chapitre VIII De la puissance exécutrice, relativement au sénat et aux ministres ou grands officiers de la couronne


Chapitre IX Réflexions relatives aux lois qu’on a proposées sur la formation du sénat ou de la puissance exécutrice


Chapitre X Que les réformateurs doivent d’abord se borner à établir les lois constitutives ou fondamentales de la république


Chapitre XI Du département du grand-chancelier, ou du conseil de justice


Chapitre XII Du département du grand-maréchal, ou du conseil de police


Chapitre XIII Du département du grand-général, ou du conseil de guerre


Chapitre XIV Du département du grand-trésorier, ou du conseil de finances


SECONDE PARTIE


Chapitre I Objet de cette seconde partie. Objections proposées contre le mémoire précédent, et auxquelles il est inutile de répondre


Chapitre II En quoi et comment les lois polonaises sont vicieuses


Chapitre III De la manière de présenter les lois en réformant une république


Chapitre IV Du liberum veto et des confédérations


Chapitre V De l’hérédité de la couronne.


Chapitre VI Des négociations que les confédérés doivent entamer dans les cours étrangères. Avantages qui en résulteront pour les confédérés


De la situation politique de la Pologne en 1776


Le Banquet des Politiques


Marc Belissa, "Mably, le républicanisme, la Pologne", Révolution Française.net, Annonces